Jeux d’Atlanta : Quand l’idéal olympique ne représente pas tes attentes
Par Luc Robert
Si une présence aux Jeux olympiques représente souvent la consécration d’une carrière pour plusieurs athlètes, il n’en était pas nécessairement ainsi pour le duo composé de Benoît Gauthier et de François Létourneau.
Les deux inséparables athlètes de Sainte-Adèle ont remporté sept titres nationaux consécutifs en canoë-kayak d’eaux vives biplaces, étant aussi des spécialistes de l’épreuve de C-2 en slalom. « On a passé sept belles années ensemble. On voulait avant tout s’améliorer, devenir bons et habiles. On savait dès le départ que la gloire athlétique est très éphémère. Notre truc, c’était les Coupes du monde. C’était bien organisé et on y allait pour socialiser. De toute manière, en compétitions, la crème finit toujours par remonter à la surface », s’est-il remémoré.
La paire laurentienne a participé aux Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996, reconnus parmi les pires à avoir été présentés, avec des chauffeurs d’autobus qui s’égaraient à répétition en Géorgie et en raison d’un acte terroriste. Ils se sont quand même classés en huitième position à l’épreuve de C-2 en slalom.
« Pour être honnête, les émotions olympiques ont vite pris le bord. Être aux Jeux n’est pas un camp de vacances. Nous n’étions pas à Atlanta par défaut non plus, mais s’y trouver n’était pas un si grand privilège pour moi. Tu vois dès l’arrivée que c’est politique et commercial (Coke a son siège social à Atlanta). Plusieurs grands athlètes n’y vont pas. Il se demandent souvent à quoi servent tous ces sacrifices, pendant quatre ans, pour deux petites semaines de gloire. Le sport m’a permis de voyager et de me dépasser, comme à la Coupe du monde du Japon, en 1997. Ce sont des souvenirs du genre que je chéris.»
Moniteur de ski de fond au programme Ski Études de l’École Secondaire A.-N. Morin de Sainte-Adèle, il est un professionnel en aménagement de sentiers de vélo pour les villes, l’été venu. Il dirige aussi le « Camp ça Roule. »
« Je montre aux jeunes à aimer le ski et le vélo. J’ai commencé à faire sérieusement de l’entraînement à 17 ans. Quand je vois des jeunes de 9 ou 10 ans avec de l’équipement dernier cri et qui doivent déjà être ultra-compétitifs, je débarque. Il y a tellement des belles choses à apprendre en écologie, ou simplement en pratiquant un sport de plein air. La pression ne devrait pas être appliquée aux jeunes athlètes.»
François Létourneau incite d’ailleurs les jeunes à s’amuser avant tout. « La vie est tellement plus difficile qu’être dorloté au village olympique. Mes propos détonnent ? Laissez vos jeunes triper dans un sport, ils s’en souviendront. Moi, avec mon BAC en design, je construis des réseaux de sentiers de vélos à Gore. Je suis devenu un artiste de la pelle (rires), qui savoure encore plusieurs sports, pour le simple plaisir », a-t-il achevé.