(Photo : Nordy)

Le hockey féminin fait sa place à l’école Augustin-Norbert-Morin

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Julie Martel et Valérie L’Abbé, enseignantes à l’école secondaire Augustin-Norbert-Morin, veulent rendre le hockey féminin accessible aux adolescentes.

Depuis octobre, une vingtaine d’élèves s’entrainent les mercredis et les vendredis midis au Centre sportif des Pays-d’en-Haut. Le 21 février, l’équipe de hockey féminin des Carcajous accueillait, dans le cadre d’une rencontre inter-école, les Inuk de la Polyvalente Lavigne à Lachute. Malgré un revers de 3-2, l’équipe locale a soulevé la foule, composée d’environ 300 élèves de secondaire 1 à 5. Des membres du personnel et de la direction étaient également sur place.

Comme une grande famille

Les joueuses des Carcajous sont « tissées serrées »

Après la rencontre, le vestiaire s’anime de rires, de sourires et de fierté. L’ambiance est chaleureuse et festive. Des rondelles de match sont remises aux joueuses qui se sont démarquées. Les élèves chantent « Bonne Fête » à une de leurs coéquipières. « On est un peu comme une famille », lance Clara, 13 ans. « Je jouais parfois dans la rue avec ma famille. Je savais patiner, mais disons que j’avais de la misère à freiner quand j’ai commencé l’équipe », m’explique-t-elle.

Lorsque les pratiques ont débuté en octobre, certaines joueuses ne savaient même pas patiner. D’autres n’avaient jamais tenu un bâton de hockey de leur vie. Quelques mois plus tard, les joueuses ont démontré l’ampleur de leur progression devant 300 spectateurs.

« Mon frère jouait aussi au hockey. Mais pas moi, parce qu’il n’y a pas vraiment d’équipe féminine dans les Laurentides. » – Mégane, 5e secondaire

La gardienne de l’équipe, Mégane, n’avait jamais enfilé de jambières. « C’est l’équipement à mon père. Il était goaler et j’ai toujours trouvé ça cool. Mon frère jouait aussi au hockey. Mais pas moi, parce qu’il n’y a pas vraiment d’équipe féminine dans les Laurentides », me raconte l’élève de cinquième secondaire. Élisabeth, 17 ans, faisait du patinage artistique plus jeune. Mais elle était peu familière avec le hockey. Elle a accompagné les élèves qui avaient de la difficulté avec leur coup de patin. Celles qui avaient plus d’expérience au hockey l’ont aidée à leur tour.

L’équipe est composée d’élèves de 12 à 17 ans. Mais il n’existe aucune hiérarchie. Un esprit d’entraide et beaucoup de respect unissent les adolescentes, peu importe leur âge. « On est une belle équipe, on est vraiment tissés serrés », me dit Maëva, 13 ans.

La naissance du projet

Valérie L’Abbé est enseignante en mathématiques. Elle a joué au hockey toute son enfance, ainsi qu’au Cégep de Lionel-Groulx, avec les Nordiques. Julie Martel enseigne l’histoire. Depuis cinq ans, elle joue avec les Palettes Roses, une ligue de hockey féminin née dans les Laurentides en 2017. Amies dans la vie, collègues de travail à l’école et amatrices de hockey, elles ont uni leurs efforts pour faire naître ce projet.

L’équipe est aujourd’hui composée de 21 joueuses, de 12 à 17 ans.

L’année dernière, les deux enseignantes ont fait le tour des classes pour en parler. Elles ont refait une tournée à l’automne. Finalement, une quinzaine d’élèves se sont inscrites. Quelques-unes se sont greffées au groupe en cours de route et d’autres ont quitté. Aujourd’hui, l’équipe des Carcajous est formée de 21 joueuses. « Au début, on a trouvé de l’équipement pour pratiquement toutes les filles », souligne Julie Martel. Pour y arriver, les deux enseignantes ont visité les bazars et les sous-sols d’églises, en plus de demander de l’aide à des amis et aux Palettes Roses. L’objectif était de permettre aux jeunes filles d’essayer le hockey au moindre coût possible.

L’accessibilité est l’objectif phare du projet. Dans un contexte où le hockey féminin est peu accessible dans les Laurentides, et où les programmes sportifs sont particulièrement dispendieux, l’idée était d’offrir à toutes la chance de jouer.

Une communauté en développement

La ligue des Palettes Roses est en pleine expansion. Cette année, quatre plages horaires sont offertes aux adultes. Également, le programme des Mini-Palettes, qui s’adresse aux jeunes filles de 7 à 12 ans, a vu le jour. La création d’une équipe de hockey féminin à l’École Augustin-Norbert-Morin s’inscrit dans cette continuité et bonifie l’offre sur le territoire.

Les Mini-Palettes deviendront à leur tour des adolescentes, souligne Valérie L’Abbé. Elles auront alors l’opportunité de poursuivre le hockey féminin au secondaire. L’enseignante s’attend d’ailleurs à ce que la demande augmente à l’école Augustin-Norbert-Morin.

Deux joueuses célèbrent avec avoir compté un but face à Lachute.

Si les inscriptions deviennent plus nombreuses, les enseignantes envisagent possiblement de créer deux équipes, basées sur le calibre. Mais pas question de sélectionner des joueuses en fonction du talent. Valérie et Julie tiennent à ce que le hockey féminin demeure accessible à toutes, peu importe le niveau de jeu. « J’ai fait de l’élite toute ma vie. Mais je réalise que le sentiment d’appartenance est aussi fort, que tu n’aies jamais joué ou que tu joues depuis longtemps », indique l’ancienne joueuse des Nordiques du Cégep de Lionel-Groulx.

Développer le hockey féminin dans les Laurentides n’est pas simple. Les programmes d’élite au Cégep de Saint-Jérôme et au Cégep de Lionel-Groulx ont cessé leurs activités, respectivement en 2012 et en 2020. « Partir du hockey féminin dans notre région, c’est difficile. Les Palettes Roses ont fait un bon bout de chemin. Si on est capable d’amener ça dans nos écoles secondaires, ça fera un bon bassin pour le cégep et l’université. Ça va ouvrir des portes », espère Valérie L’Abbé.

Pour les prochaines

L’équipe est composée de plusieurs joueuses de cinquième secondaire. Même si elles ne seront pas de retour l’année prochaine, certaines comptent revenir encourager les Carcajous. Elles espèrent que l’offre continuera de se développer. « J’espère pour les filles qu’elles continueront de s’améliorer, qu’il y aura de nouvelles joueuses et qu’elles pourront éventuellement jouer contre d’autres équipes », souligne Lili, âgée de 16 ans.

« Je crois qu’il n’y a pas assez de sport féminin », déplore Rafaëlle, âgée de 16 ans. Pourtant, il y a énormément de potentiel, considère-t-elle. « J’ai une petite sœur et c’est quasiment sûr qu’elle voudra jouer aussi au hockey en parascolaire. »

2 commentaires

  1. Je suis dans cette équipe, nos coach sont formidables et je les admires énormément pour tout ce qu’elle font pour nous. Mêmes si je dois admettre que parfois il y a des haut et des bas comme tout les sports, nous sommes soudés comme des sœur. Certaine partent l’année prochaine, mais d’autre vont arriver. Nous aurons toujours une petite pensée pour nos secondaire 5 qui nous quitte cette année.

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