Les jeunes doivent bouger plus, plaide Jean-François Harvey
Jean-François Harvey, résident de Val-Morin, a lancé conjointement avec Pierre Lavoie le livre Faut que ça bouge ! : une approche du sport différente pour des jeunes en bonne santé. Dans leur ouvrage, ils plaident qu’un nouveau système devrait être appliqué au Québec, alors que les conditions physiques et mentales des jeunes sont en déclin.
« Les jeunes ne bougent plus assez. C’est le défi : comment arriver à ce qu’ils bougent, mais surtout comment arriver à ce qu’ils bougent toute leur vie », dit-il. Selon Pierre Lavoie et Jean-François Harvey, il y a à la base un double problème. D’abord, il y a beaucoup de sédentarité, notamment à cause des écrans. Puis, il y a l’aspect de compétition et de performance qui peut nuire à la pratique de l’activité physique chez les jeunes.
S’inspirer de la science et d’ailleurs
On observe un déclin de la condition cardio-respiratoire depuis les années 1980, explique M. Harvey. Puis, la capacité fonctionnelle, c’est-à-dire la capacité à fournir un effort prolongé, a diminué de 30 % depuis ces années. « Il y a eu une modification de notre mode de vie, alors qu’on peut passer nos journées à rester assis sur une chaise. Mais avant, on bougeait par nécessité. Il faut maintenant arriver à inclure ce besoin vital dans notre mode de vie », insiste-t-il.
Ainsi, le livre se veut un outil autant pour les parents, les enseignants, les entraineurs que pour les élus de la société. « On propose une approche basée sur la science, sur des études et sur les meilleures pratiques adoptées dans d’autres pays, notamment dans les pays scandinaves », explique-t-il. L’auteur donne l’exemple de la Norvège, où le sport est très accessible et inclusif pour tous. « Ils ont d’ailleurs des meilleurs résultats au niveau sportif, et pourtant, il n’y a aucune compétition avant l’âge de 13 ans », rapporte-t-il.
« Tout un système à changer »
Les deux auteurs plaident donc pour un modèle québécois favorisant « le développement global des jeunes en premier, dans un but de santé durable ». Ce modèle doit être « inclusif, accessible, avec des activités physiques variées, un mode de vie actif et une approche éducative repensée », lit-on sur le site web de Jean-François Harvey. Ce dernier prône aussi la reconnexion avec la nature et les autres, mais surtout faire de l’activité physique avec du plaisir.
« C’est tout le système qu’il faut changer. Il faut que le gouvernement mette plus d’argent dans la prévention. Au niveau municipal, les villes doivent changer leur approche pour favoriser le mouvement chez les jeunes. À l’école, les jeunes doivent aller plus souvent dehors avec des sports organisés. Au niveau familial, ce sont les parents qui doivent inculquer un modèle actif », soutient l’auteur.
Jean-François Harvey et Pierre Lavoie proposent un modèle québécois « qui nous éloigne des comportements sédentaires excessifs et nous ramène à notre besoin vital de bouger ».
« Par exemple, si un jeune veut jouer au volley-ball, il faut qu’il fasse partie d’une équipe. Mais s’il ne fait pas le club, il ne pourra pas jouer. […] Dès qu’un jeune est bon dans un sport, on va le spécialiser dans ce sport et ce sera axé sur la performance. Il ne va donc faire que ce sport, plutôt que d’en pratiquer plusieurs. […] Quand beaucoup d’énergie est mise dans une activité, le jeune finit par décrocher et ne développe pas d’autres compétences pendant tout ce temps », soutient M. Harvey.
Comment inclure l’activité dans la vie des jeunes
« La clé pour les jeunes, c’est de faire de l’activité physique dans le plaisir et avec les amis », soutient Jean-François Harvey. « Si on reste dans le plaisir, que c’est inclusif et accessible, les jeunes auront beaucoup plus de chance de bouger que si c’est associé à de la pression et de la performance. » Selon lui, les jeunes devraient tous avoir la possibilité d’apprendre le ski de fond, de nager, de courir et de faire du vélo.
De plus, il faut inclure plus d’occasions pour les jeunes de bouger à l’école, et pas seulement dans les cours d’éducation physique. Par exemple, on pourrait inclure des pauses actives entre les cours ou encore pratiquer le transport actif pour se rendre à l’école. Bien sûr, il faut prendre le temps de bouger avec les enfants, ce qui n’est pas toujours évident avec la conciliation du travail pour les parents. « En Finlande, les gens terminent de travailler à 16 h. Ça leur donne plus de temps avec leurs enfants. Puis, les jeunes ont aussi moins d’heures dans une année scolaire qu’ici », rapporte M. Harvey.
L’activité physique peut se pratiquer de multiples façons et n’a pas toujours besoin d’être structurée, explique-t-il. On peut penser à aller jouer dehors, cueillir des champignons, sauter sur une trampoline, faire du ski de fond ou encore aller à l’école à pied. « Les jeunes ont besoin d’avoir du plaisir. »
M. Harvey était de passage au Théâtre du Marais le 9 novembre dernier pour le lancement du livre. L’évènement était sous forme de 5 à 7 et de conférence. Pierre Lavoie était également sur place pour l’occasion.
Le livre Faut que ça bouge ! : une approche du sport différente pour des jeunes en bonne santé est disponible en librairie.