(Photo : Archives)
Jonathan Trudel est arbitre dans la LHJMQ et entraîneur à Cap-Jeunesse.

Les officiels auront droit à une année de transition

Par Luc Robert

Hockey Laurentides- Lanaudière (HLL) accordera une année de sursis à ses officiels, avant d’implanter les mesures de Hockey Québec consistant à considérer les arbitres comme des travailleurs autonomes et à les forcer à produire des formulaires T4-A d’impôts.

« Ce n’est pas l’hécatombe de certaines autres régions, mais je dirais que dans HLL, nous connaissons une baisse de 45 % de nos effectifs, des membres qui ne reviennent pas officier des matchs en 2021-2022. Plusieurs blâment la PCU, mais je crois que cette baisse est plutôt reliée au fait que les jeunes ont trouvé des emplois plus réguliers et plus rémunérateurs que l’arbitrage », a avancé comme raisons M. Alain Tardif, vice-président aux opérations de HLL et chargé du dossier des arbitres.

Cours gratuits

En ce début de campagne 2021-2022, un bon nombre de parties habituellement arbitrées à 4 le sont à 3 officiels, ou simplement reportées, selon les ressources limitées disponibles. « Le manque d’arbitres est flagrant, surtout pour les petites catégories locales (atome et novice), dans le B ou le C. On essaie de compenser en offrant le cours d’arbitrage de base à nos M15 (bantams), à l’école secondaire Cap-Jeunesse, alors que Hockey Québec incite de leur côté les jeunes à suivre leur niveau 1 en ligne, gratuitement. Mais une fois formé, un arbitre a besoin de trois saisons pour se développer et prendre de l’expérience. En attendant, je garde mon 2e sac d’équipement d’arbitre en permanence à mon bureau de l’école pour aller dépanner», a lancé Jonathan Trudel, entraîneur des Couguars M15-D1 (les ex-Cadets) de Cap-Jeunesse.

Le vétéran donnera de son temps quand il le pourra, car il officie déjà dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). « Ça risque d’être compliqué pendant tout l’hiver. Je crains les répercussions sur les plus anciens, qui seront sursollicités : certains pourraient partir. On sera aussi pris pour faire arbitrer des jeunes de 16 ou 17 ans, dans des catégories plus vieilles qu’eux. Ça sera tout un défi », a poursuivi l’homme au sifflet de Prévost.

Loi à moderniser

C’est que dans plusieurs régions du Québec, les arbitres de plus de 25 ans ont souvent des emplois quotidiens bien rémunérés. « Il y a actuellement trop de pertes d’expertises. Pour un jeune arbitre, faire 2 000 $ en un hiver représente de l’argent de poche utile. Mais pour un vétéran, changer de niveau imposable pour gagner des peccadilles, ça ne vaut pas le coût », a confié un autre vétéran qui préfère taire son nom.

Hockey Laurentides-Lanaudière a eu l’idée d’unifier ses tarifs et diviser son territoire en 4 zones, dont la majorité des assignateurs sont de retour, afin de maintenir une stabilité. Si les associations locales d’arbitres ont été abolies, les membres pourront dès maintenant aller officier dans les zones voisines sans pénalité.

« Ce ne sera pas de gaieté de coeur qu’on arrivera aux T4A en 2022-2023. Les jeunes ont droit à une déduction d’impôt jusqu’à 21 ans. Mais pour les arbitres matures, ils n’ont pas d’allègements fiscaux, mais des hausses. La loi n’a pas été mise à jour depuis 60 ans. Il faudrait que le gouvernement nous aide à garder nos vétérans », a souhaité M. Tardif.

Solution risquée

Dans les régions où le taux de départs d’arbitres est supérieur à 60 %, une ancienne mesure est utilisée pour minimiser les annulations de matchs.

« Dans le livre des règlements de Hockey Canada, on nous permet, s’il manque des officiels, de prendre un parent de chaque équipe pour les envoyer dans la mêlée. C’est mieux qu’annuler une partie, surtout si une équipe et des parents ont effectué deux heures de route pour se rendre à ladite joute annulée. »

Mais cette situation demeure risquée, tant au niveau de la possible partisanerie d’un parent désigné, qu’au niveau des assurances.

Motus et bouche cousue

À Saint-Jérôme, l’assignataire de zone Gabrielle Cyr nous a référé à la région HLL, pour connaître les effets locaux. C’est donc via des sources proches du dossier que nous avons appris que sur environ 70 arbitres aux listes de l’ancienne AAJ (association des arbitres jérômiens), une trentaine seraient des assidus aux horaires actuels. Au niveau des marqueurs, 4 anciens (ennes) sont de retour et 2 autres sont en formation.

« Je crains les conséquences, par exemple sur le tournoi atome, où les arbitres remettaient 50 % de leurs honoraires pour aider l’organisation. On prendra où nos arbitres pour les séries ou les tournois ? Les entraîneurs devront s’habituer aux visages répétitifs et moins se fâcher. L’association (AAJ) avait aussi son utilité : l’accréditation et le cours d’arbitrage étaient remboursés aux jeunes, s’ils garantissaient venir arbitrer 5 fois aux matchs des Lions l’hiver suivant. On était habitué à perdre 5 % de nos effectifs par année, mais pas un sur deux comme actuellement », a poursuivi notre source interne anonyme.

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