Première étape de la série Aventure Espresso Sports

Par Félix Côté

Vue de l’intérieur

Le vélo, c’est d’abord une affaire de sens. Le cycliste écoute le vent, renifle les odeurs, admire les paysages qui défilent, se plie à la vibration de la chaussée et savoure bien souvent en cours de route quelques collations soigneusement choisies.

Samedi le 26 septembre dernier, les gens des boutiques Espresso Sports ont pris le soin d’organiser une sortie de vélo atypique destinée à combler les sens. Une trentaine de cyclistes s’étaient donné rendez-vous pour la première édition de la Gare-Nut Épic : roche et bitume. Cette sortie visait à combler une boucle de 130 kilomètres à travers l’arrière-pays des Laurentides, en empruntant des routes majoritairement dépourvues de tout bitume goudronné. Un gravelle grinder, comme définissent les habitués.

Le peloton était guidé par les gens de la boutique, et aussi par la championne cycliste (retraitée) Lyne Bessette, double olympienne (2000 et 2004). Pour participer à cette aventure, il était de mise d’être équipé d’un vélo de type gravelle ou encore cyclo-cross, paré ]de pneus d’une largeur d’au moins 28 millimètres. De plus, il fallait s’attendre à gravir un important dénivelé, soit près de 1600 mètres. Ceux le désirant pouvaient opter pour une option raccourcie du parcours, et se joindre au groupe à partir du 50e kilomètre.

Amateur de ce genre de sortie épique, je me suis prêté à l’aventure, au guidon de mon fidèle vélo de cyclo-cross. D’abord, nous avons emprunté le P’tit Train du Nord jusqu’à Sainte-Agathe, puis des routes cahoteuses serpentant entre monts et vallées, ensuite des chemins forestiers et enfin le Corridor aérobique. À deux reprises, on nous a fourni des vivres, gracieuseté des organisateurs, d’abord au pied du mont Blanc à St-Faustin-Lac-Carré, puis au beau milieu de chemins forestiers. Nous avions la chance d’être suivis par deux véhicules remplis de denrées et d’outils.

Voici un petit tableau de ce à quoi se délectent les sens lors d’une pareille sortie.

Le son

La plupart du temps, aucune voiture ni camion pour vous siffler aux oreilles. Seul le vent se fait entendre, interrompu parfois par les conversations des voisins de peloton. Nous roulons souvent en file, deux par deux; l’occasion pour tous de jaser vélo, de tout et de rien, et d’apprendre à connaître son voisin. La terre et les roches grichent sous les pneus. Parfois, une roche se bute contre une roue, parfois un « pscht! » se fait entendre, suivi du cri cycliste « Flaaat! », après quoi il convient d’attendre que le pneu percé se fasse réparer.

Les odeurs

Ça sent l’automne. La poussière colle aux narines. Cette substance flottant dans les airs et filtrant les rayons du soleil est envoûtante.

La vue

Les lacs et rivières sont comme des miroirs. Le ciel est bleu, le temps est clair. Les montagnes défilent. On aperçoit dans les vallées l’horizon à des lieux à la ronde.

Le toucher

Le soleil colle à la peau. L’air est doux, mais frais. Le temps estival se marie à la fraîcheur automnale. On aurait envie de fredonner l’Été indien de Joe Dassin, ou les Quatre Saisons de Vivaldi. Le guidon vibre aux aléas de la chaussée. Les mains s’engourdissent. Le raboteux gravier laissant place au doux asphalte est salutaire pour toutes les articulations, et surtout pour l’arrière-train.

Les victuailles

Le pain aux bananes, la bière et toutes sortes de provisions diverses sont dressés sur des tables, là où nous attendent les âmes charitables responsables du ravitaillement.

À l’arrivée sont servis de gigantesques hot-dogs dignes d’un roi. On roule à la fois à vélo et comme à la sortie d’un buffet.

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