Raid Gaspésie International 2016

Par bsimard

« Êtes-vous assez sauvages? »

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« Êtes-vous assez sauvages? » Il faut avouer qu’avec un slogan comme celui-là, il pourra sembler rébarbatif que de vouloir signer le registre des participants. Cependant, pour ceux qui sont « un peu plus fous que la moyenne » (un autre slogan des organisateurs Endurance Aventure), c’est une belle opportunité de vivre un moment de dépassement enrichissant, assurément humide et plein de défis!

Le Raid Gaspésie International (ou RIG pour les initiés) est une épreuve regroupant les disciplines d’orienteering, de course en sentier, de canotage de rivière (et même en mer) ainsi que de nage, de vélo de montagne et des sections de cordes, que ce soit en rappel ou en tyrolienne. Un bel ensemble complet : le multisport à son meilleur. Il existe plusieurs formats de course aventure. Certaines épreuves sont en continu sur plusieurs jours. Pouvant durer de trois à 10 jours, les participants doivent parcourir de longues distances, et choisir eux-mêmes de se reposer (ou pas) au fil des jours, et de la course.
Essentiellement, lors d’un raid aventure, les équipes se voient remettre des cartes topographiques sur lesquelles sont indiqués des « points de contrôle » (ou PC), cachés au long du parcours. Chaque point de contrôle est numéroté, et un poinçon spécifique y est rattaché. Les équipes doivent alors déterminer le chemin qui leur semblera idéal, et poinçonner une carte témoin à chaque passage. Dans le cas où une équipe manquerait un point de contrôle, une pénalité de temps serait alors attribuée par les juges à la fin d’étape. Les gagnants seront ceux qui auront rallié tous les points de contrôle avec le temps cumulatif le plus court.
Le RIG 2016 est un raid de quatre jours, par étape, qui prend place dans la magnifique région de la Baie-des-Chaleurs, avec Carleton-sur-Mer comme quartier général. Il y a une arche de départ le matin, et une ligne d’arrivée à chaque jour. C’est un format plus intense, car on peut s’y « reposer » chaque soir, et repartir sur des bases fraîches (autant que possible) le lendemain.
Le tout débute avec l’inspection par l’organisation du matériel obligatoire (harnais d’escalade, cordages, vestes de flottaison, etc.). Suivent la présentation des équipes, et la très attendue remise des cartes et indications de parcours. Dès que l’équipe est en possession des cartes, le navigateur les analysera afin de prévoir le chemin à suivre, et les différentes étapes et transitions que nous effectuerons chaque jour.
On peut aussi noter qu’il y a différentes catégories d’équipes, que ce soit duo, quatuor, hommes, femmes, mixte : de tout, pour tous. Les équipiers se doivent d’être regroupés à tout moment pendant la course, sous peine de pénalité. Il ne sert donc à rien de distancer ses collègues ou de les pousser à l’épuisement, car tous doivent avancer au même rythme.
Notre équipe est au standard des championnats du monde : quatre personnes, mixte. Elle est composée de Danny Déry Chamberland, ingénieur de métier et navigateur hors pair. L’un des meilleurs au Canada. Martin Hardy est l’homme fort du groupe, technicien forestier, il est habitué aux conditions difficiles et connaît bien les subtilités de la forêt québécoise. Lyne Bessette est une ancienne cycliste professionnelle qui s’adonne maintenant à différents sports dans le pur désir de dépassement personnel et pour les causes qui lui tiennent à cœur. Figure médiatique, elle demeure une athlète redoutable et son caractère compétitif pousse ses coéquipiers à sortir de leur zone de confort et à performer au maximum de leur capacité. Quant à moi, l’endurance fait partie de mes gènes, je suis un peu le joker dans un jeu de cartes, capable de bien performer dans plusieurs disciplines. Déformation professionnelle, j’aime bien voir à l’optimisation du matériel, ce qui peut s’avérer primordial dans le feu de l’action. L’équipe ne serait pas complète sans l’apport inestimable de notre équipe de soutien locale : Michael et Isabelle. Leur rôle sera de nous épauler tout au long de la course, en transportant le matériel aux différentes zones de transition, sélectionner les canots avant notre arrivée, préparer le campement et la nourriture, donner les dernières informations techniques pendant la course, etc. C’est un rôle de l’ombre, mais l’équipe de support a un rôle primordial : trouver une pièce d’équipement à la dernière minute, conseiller sur un chemin à emprunter, diriger la troupe dans les zones de transition; des détails qui rendront l’ensemble de l’œuvre cohérent. Une équipe sans support technique efficace est vouée à des moments difficiles.
Le fait qu’ils soient de la région est un autre avantage non négligeable : Michael est ambulancier, il connaît tous les chemins, passionné de chasse, il a déjà parcouru maintes fois les zones que nous patrouillerons à notre tour, ses avis quant à la géographie des lieux sont toujours grandement appréciés.
Ainsi, dès que nous prenons possession des cartes et du manuel de course, la vraie course commence, et ce, même avant le signal du départ.
On trouvera un endroit tranquille pour étudier les parcours. Pendant que les uns préparent les vélos, le matériel et s’assurent que tout est dans les bacs et en bon état pour le lendemain, les autres s’affairent à établir le plan de match de la journée. Ensuite, tous se rassemblent et partagent les consignes. On coordonne en parallèle les notes de course et le manuel des accompagnateurs. Ici, on nous indique le chemin que les accompagnateurs devront emprunter pour se rendre à la transition, là, on explique que l’on passera de la course à pied aux vélos pour la section suivante. Tout est déterminé à l’avance : les harnais d’escalade seront déposés à la transition 3, port de la VFI (vêtement de flottaison individuelle, ou gilet de sauvetage) pour telle section, une lampe frontale sera requise pour le prochain passage, etc. On s’efforce de ne laisser aucune place au hasard. Une fois les parcours tracés sur les cartes (parfois plus de quatre en une seule journée), on mesure les distances, note les points de repère, le kilométrage et on les plastifie pour les rendre étanches. Chaque soir, on répétera ces étapes et, chaque soir, avant la fermeture des lumières et le dodo, chacun doit savoir ce qu’il aura à faire pour que tout se déroule pour le mieux le lendemain.
Tous ces mots, et pas encore de course! Vous l’aurez compris : la préparation en amont est très importante, Danny peut passer près de trois heures chaque soir pour mémoriser les cartes autant que faire se peut. Bien sûr, nous avons en tout temps les cartes avec nous pendant la course, mais à 30 km à l’heure dans un sentier étroit, ou en dévalant un ruisseau rocheux, il est préférable de regarder les racines qui approchent plutôt que les courbes de niveau sur une carte… quoique c’est la faculté de pouvoir faire les deux en même qui fait un bon navigateur!
L’action commence, on tourne!
La suite à la prochaine édition d’Accès!

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