À Saint-Sauveur, les Sommets se préparent aux réchauffements climatiques, mais sont pas inquiets. Courtoisie

Réchauffement climatique : À la recherche de l’or blanc

Par Rédaction

Par Joëlle Currat

« Comme la neige a neigé », ce célèbre vers du poète Émile Nelligan fera-t-il désormais référence au passé ? Avec la hausse des températures et la baisse du couvert neigeux, on peut se poser la question. Christian Dufour, directeur marketing du groupe Les Sommets, tient à nous rassurer.

Une étude récente publiée par Ouranos, en collaboration avec l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ), vient de révéler quelles pourraient être les conséquences des variations des températures sur nos régions dans les prochaines années.

Cet organisme, qui s’est donné pour mission d’aider la société québécoise à s’adapter aux changements climatiques, cible quatre facteurs qui pourraient nuire aux stations de ski et aux sports de glisse d’ici 2050 : la hausse des températures (+1,7°C), l’augmentation de la fréquence des jours de gel-dégel (+5), l’augmentation des précipitations sous forme liquide (+33 mm) ainsi que des journées sans couvert de neige naturelle (+4), ceci en cas d’augmentation modérée des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les météorologues ont d’ailleurs déjà annoncé que l’hiver 2024-2025 sera plus doux que d’habitude. D’ailleurs, un colloque intitulé Météo et tourisme : alertes en vigueur et organisé par l’ASSQ s’est tenu sur ces questions au Manoir Saint-Sauveur lundi, 9 décembre. C’est dire si le sujet est d’actualité !

Pas de panique !

Christian Dufour est directeur marketing du groupe Les Sommets. Courtoisie

Rencontré dans un restaurant de la station du Sommet Saint-Sauveur, Christian Dufour ne semble pas affolé quand on lui parle de réchauffement climatique ou des prévisions météo. Composer avec la variation des températures et s’y adapter fait partie de sa réalité depuis qu’il a commencé à travailler à la station dans les années 70.

« Un hiver doux, par exemple, présente certains avantages, dont celui de ne pas décourager les personnes frileuses, surtout lorsqu’elles veulent s’initier à ce sport. Au fil des années, on a pu constater une augmentation de la fréquentation de nos écoles de ski quand il ne fait pas trop froid », explique-t-il.

Quant à la pénurie de neige, si elle a été notable l’an dernier, elle n’est pas flagrante selon M. Dufour, surtout si l’on se fie aux années 2020, 2021 et 2022 qui ont été « de très bonnes années sur le plan de l’enneigement », indique-t-il.

Fabriquer plus de neige

Si l’on peut s’attendre à une diminution du couvert de neige et à des saisons de ski plus courtes d’ici l’année 2050, comme le prévoient les experts d’Ouranos, l’industrie du ski va tout de même pouvoir poursuivre ses activités. Quelles sont alors les solutions envisageables pour pallier le réchauffement des températures ?

L’organisme indique que les stations devront investir davantage et engager plus d’employés pour maintenir le même niveau de services. La diversification des activités de montagne et une offre touristique alléchante en dehors de la saison de ski font aussi partie des mesures recommandées.

« Nous prenons des mesures depuis des décennies, précise M. Dufour. Nous avons beaucoup investi dans l’automatisation de l’enneigement et l’entretien des pistes avec l’achat de nouvelles machines notamment. Les innovations technologiques en matière de fabrication de la neige sont innombrables et de plus en plus performantes. »

Conserver la clientèle

Les technologies pour enneiger sont de plus en plus performantes, soutient M. Dufour des Sommets. Courtoisie

Les amateurs de ski alpin répondent présents lorsque la saison débute. Ceci dit, le rapport d’Ouranos mentionne que l’achalandage des stations québécoises stagne après un pic à 7,2 millions de jours de ski par an au début des années 2000, contre 6 millions de jours actuellement.

Dans les trois régions où l’achalandage est le plus important, soit les Laurentides, l’Estrie et la Capitale-Nationale, on peut s’attendre à des baisses d’achalandage de l’ordre de 4 à 5 % dans la période 2021-2050, et de 9 à 12 % dans la période 2041-2070, toujours en considérant un scénario d’émissions de GES modérées.

Là encore, des solutions restent à trouver pour conserver, voire augmenter la clientèle, et maintenir le chiffre d’affaires. Parmi celles-ci, l’augmentation des prix des billets et la diversification des activités de montagne l’hiver et tout au long de l’année. « Notre intention est de faire en sorte que peu importe le temps qu’il fait, peu importe s’ils font du ski ou non, les gens soient satisfaits de leur journée ou de leur séjour dans nos stations », dit M. Dufour.

Soif de nouveautés

Se renouveler, innover, voilà l’un des défis principaux que doivent relever les stations de ski pour attirer la clientèle. Le groupe Les Sommets, dont font partie les stations Sommet Saint-Sauveur, avec le versant Avila, Sommet Olympia, Sommet Gabriel, Sommet Morin Heights et Sommet Edelweiss, a beaucoup investi cette année dans son parc d’infrastructures.

« Un des défis de l’industrie du ski, c’est d’avoir des remontées mécaniques, des systèmes d’enneigement et des bâtiments au goût du jour. Cette année, nous ouvrons un nouveau restaurant, le Jack Rabbit, sur le versant Avila. Au Sommet Saint-Sauveur, nous offrons dès maintenant un restaurant pour les familles avec un service aux tables. Et nous avons aussi installé une nouvelle remontée aérienne à Sommet Morin Heights », illustre M. Dufour.

Parmi les innovations technologiques, les nouveaux systèmes automatiques d’enneigement permettent de produire de la neige de différentes qualités : de la neige mouillée en début de saison pour consolider les pistes, comme de la poudreuse.

Les prochains investissements du groupe concernent la prolongation des activités hors saison hivernale, en particulier en automne et au printemps. « La montagne russe Viking va devenir un manège à réalité augmentée, son et lumière, en opération de jour comme en soirée, à partir du 31 mai », annonce M. Dufour avec enthousiasme.

Vous pouvez consulter le rapport Ouranos sur le site web de l’organisme.


Annulation du slalom géant – Femmes de la Coupe du Monde à Tremblant

Malgré un plan d’enneigement bien orchestré, les fenêtres de froid des dernières semaines ont été insuffisantes pour créer la couverture de neige requise par la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard (FIS) en vue de la tenue de la compétition (slalom géant Femmes) de la Coupe du monde Tremblant, prévue les 7 et 8 décembre 2024. Ces circonstances ont mené les organisateurs à prendre la décision d’annuler cette édition.

« Comme vous le savez, le mois de novembre a été l’un des plus chaud de l’histoire, et comme nous avons besoin de température en dessous de 0°C (idéalement du -2 à -5°C) pour produire de la neige, cette situation a eu un impact sur la tenue de la Coupe du monde », indique Josée Cusson, directrice des communications et marketing de l’Association des stations de ski du Québec.

« Parmi les solutions qui peuvent être adoptées par l’industrie du ski, mentionnons l’optimisation de la performance énergétique des équipements, notamment de la fabrication de neige, le recours aux plus récentes technologies que ce soit en lien avec la communication avec la clientèle (ex. caméra en direct), à l’enneigement de haute performance et à l’automatisation pour diminuer la pression sur les besoins de main-d’œuvre », conclut-elle.

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