Sébastien Cadieux-Duval accroche son dossard

Par Mathieu Laberge

« Je n’ai pas attendu que le fun ne soit plus là avant d’arrêter. »

Après avoir connu la meilleure saison de sa carrière l’an dernier, l’athlète de vélo de montagne Sébastien Cadieux-Duval arrête la compétition. Une décision qui peut surprendre, mais qui a été longuement réfléchie pour l’athlète de Prévost qui avait pris part à trois étapes du circuit de la Coupe du monde, dont deux en Europe.

Entrevue avec l’étudiant en psycho-éducation qui délaisse maintenant le titre d’athlète de haut niveau pour devenir un simple sportif.

Qu’est-ce qui a justifié ta décision d’arrêter la compétition?

Sébastien Cadieux-Duval – C’était dans ma tête depuis le début de la saison dernière. Lorsque j’étais en Europe, je vivais un trip de professionnel en participant aux Coupes du monde. En même temps, j’ai rencontré beaucoup de gens pendant ce voyage et étant donné que j’étais un athlète, j’avais beaucoup de restrictions (en matière d’hygiène de vie).

Le déclic s’est fait à la Coupe Canada de  Sudbury (Ontario), en juillet, une semaine avant les Championnats canadiens. J’ai eu une mauvaise semaine. Pendant la course, j’ai eu des pépins techniques, j’ai tout lâché et je ne voulais plus retourner en piste. J’ai parlé avec mon père et il m’a suggéré de finir sur une bonne note pour ne pas avoir de  regrets et terminer avec un beau souvenir. J’ai donc participé aux Championnats canadiens la semaine suivante, sans stress, juste pour courser et être content de moi-même.  Pendant la course, je voulais et jamais je n’avais eu d’aussi bonnes jambes dans ma vie.

Est-ce que cette course t’a convaincu que celle de la  semaine précédente était juste une mauvaise passe ou bien l’idée d’arrêter le vélo avait déjà fait son chemin dans ta tête?

SCD – Le doute était semé. Aux Championnats canadiens, il y avait une partie de moi qui se disait: «Faisons-le bien pour une dernière fois». Je savais donc que j’étais en forme et je me disais que la Coupe du monde de Mont-Sainte-Anne serait ma dernière course. J’en avais parlé à personne. Je me suis donc préparé comme jamais auparavant et je n’ai lésiné sur aucun détail. Et j’ai fait la plus belle course de ma vie. À la fin, j’en avais presque les larmes aux yeux, car 10 ans plus tôt, j’avais participé à ma  première course au même endroit.

La dernière tentation  du cyclocross

L’athlète s’est fait prendre au jeu alors qu’il a été invité, toutes dépenses payées, à participer à une course de cyclocross en Chine au début du mois de septembre. Quelques  semaines plus tard, il était sacré champion québécois de cette discipline.

SCD – Je vais avoir 25 ans, je suis probablement dans la meilleure forme de ma vie et j’ai le goût de tout faire.

Le goût de vivre au lieu de  seulement faire de la compétition?

SCD – Exactement! J’ai écouté une entrevue avec Pierre Harvey et il y a quelque chose qui m’est restée en tête. Lorsqu’il est passé du cyclisme au ski de fond, il disait qu’en vélo, après ton entraînement, tu rentres à la maison et tu prends soin de tes jambes. Tout est fait en fonction du vélo. En ski de fond, il pouvait faire d’autres choses (entraînements  complémentaires). À chaque été, il y a des choses que je voulais faire et je ne faisais que courser. Je ne voulais pas faire les choses à moitié, sauf que je n’ai pas l’impression de ne pas avoir vécu ma jeunesse non plus. Je côtoie encore mon groupe d’amis (qu’il a fréquenté au Club des 2 Vals).

Je dirais même que le vélo est une bonne école de la vie. Ma réflexion s’est faite de

façon graduelle. J’ai l’impression d’être allé jusqu’au bout. J’ai fait des Coupes du monde et j’ai décroché un titre québécois. Je suis quelqu’un qui s’écoute beaucoup et je ne me suis pas fait souffrir là-dedans. […] Ce qui me manque, c’est d’avoir un objectif pour m’entraîner. Je suis donc en train de m’en trouver un et c’est en pratiquant l’escalade que je comble ce besoin de compétition. L’école aussi est un autre bon moyen. Oui, la compétition est une drogue et ça me manque.

Tu es donc fier de ta sortie?

SCD – Vraiment! Je n’avais pas envie de m’écoeurer pour en arriver là. J’aime le vélo et je me déplace en vélo à tous les jours. Peut-être que dans un an ou deux ça va vraiment me manquer, mais pour l’instant, je sais que c’est beaucoup de travail et de souffrances pour obtenir des résultats.

Quel conseil donnerais-tu à de jeunes athlètes?

SCD – J’ai fait des erreurs, mais j’ai appris de cela. Les gens sont différents et je me suis écouté. Le sport, il faut que ça demeure le fun. Oui, il y aura des moments difficiles, mais je n’ai pas attendu que le fun ne soit plus là avant d’arrêter.

Comment ce que tu as appris dans le vélo te sert dans ta vie de tous les jours?

SCD – Ça m’est utile à chaque examen. Tu étudies pendant cinq jours et tu veux tout laisser tomber. Je me rappelle mes  entraînements où il ne me restait qu’une série d’intervalles. Un examen, c’est comme une course pour moi. Je reproduis beaucoup de choses que je faisais en vélo comme la  visualisation et plein d’autres trucs. Le sport m’a appris à gérer mon stress et à avoir confiance en moi.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés