Être une femme libérée (air connu)

Par Joëlle Currat

Supplément : « La journée internationale des femmes 2019 »

En 1984, le groupe Cookie Dingler sortait une chanson intitulée « Femme libérée », un refrain qu’on aime encore reprendre en chœur dans les soirées karaoké. L’an dernier, dans sa chanson « Fille de personne II », Hubert Lenoir clamait : « Je suis venu te dire que tu peux changer, j’ai vu un avenir de femme libérée ».

La libération de la femme serait-elle toujours d’actualité ? Et de quoi devrait-elle encore se libérer ? Devant l’ampleur du mouvement #metoo dénonçant le harcèlement et les agressions sexuelles et les nombreux scandales du même ordre qui font l’actualité, on ne peut que constater que la violence envers les femmes est encore bien présente dans notre société. En outre, l’égalité entre les sexes, l’équité salariale et la parité hommes-femmes ne sont pas encore acquises. Et tant mieux si des lois peuvent aider à les mettre en application.

Toutefois, à mon sens, ce dont la femme doit encore se libérer, du moins sous nos latitudes, se situe en amont. Il s’agit de conditionnements et d’injonctions qu’elle reçoit dans son éducation et dans les codes culturels qui lui sont transmis.

Dans son best-seller « Femmes qui courent avec les loups », Clarissa Pinkola Estes parle d’un véritable processus de domestication de la femme. Selon elle, on éduque encore les filles à fermer les yeux, on leur demande d’être gentilles, polies, et ce trait de caractère finit par se substituer à l’intuition et aux instincts. On leur apprend très tôt à plaire, à se soumettre aux prédateurs et à devenir des « servantes ». Une thématique d’ailleurs poussée à l’extrême dans la série télévisée tirée du livre de Margaret Atwood « La servante écarlate » qui a fait grand bruit ces dernières années. Ce processus dure depuis si longtemps que les femmes ont fini par croire que c’était leur vraie nature. Dans un tel contexte, difficile ensuite pour elles de savoir ce qu’elles veulent vraiment, de se respecter et de mettre leurs limites.

En premier lieu, il appartient aux parents et aux éducateurs d’être conscients de ces codes archaïques et de ne pas les transmettre. C’est à eux que revient la responsabilité d’éduquer les filles à se respecter, à se faire confiance et à s’aimer telles qu’elles sont.

Elles traceront elles-mêmes leur chemin par la suite. Pour qu’enfin, en 2055, on n’entende plus une autre chanson qui parle de femme libérée…

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