Fin de vie : Remplacer la douleur par la douceur
Par Valérie Spitzer
La peur de mourir est certainement l’une des peurs les plus importantes de l’être humain. Plus encore que mourir, ce sont parfois les derniers instants qui nous effraient. Peur de ne pas supporter la souffrance, peur d’être seul, de perdre le contrôle… Plutôt que de subir, si on faisait un autre choix ? Le massage en fin de vie s’inscrit dans cette optique.
Ce type de massage est proposé dans plusieurs hôpitaux, au service des soins palliatifs, et est enseigné dans quelques écoles de massothérapie. Contrairement au massage traditionnel qui permet de s’ancrer dans le corps, ce soin qu’on appelle le dernier massage a pour but d’aider à s’en libérer. Se reconnecter à l’âme et laisser aller. Larguer les amarres pour faciliter le passage vers l’autre rive…
Ce massage est accompagné le plus souvent d’une musique de relaxation. Il favorise la libération d’endorphines, la douleur peut ainsi diminuer considérablement, ce qui permet au patient de dormir de façon plus paisible. Les proches peuvent être présents pendant le massage et, eux aussi seront touchés, même si ce n’est pas de la même manière!
Les huiles utilisées sont également choisies en conséquence : la rose, la fleur d’oranger… Des senteurs tout en douceur qui enveloppent le corps et l’âme.
Favoriser le détachement
Julie Bordeleau est masso-oncologue et elle a aussi suivi une formation spécifique sur le massage en fin de vie. Le coût du massage peut varier, car elle le propose sur une base de contribution volontaire. À titre bénévole, elle fait également partie de l’équipe de massothérapeutes de la maison de soins palliatifs de la Rivière du Nord.
Cette femme au grand cœur nous explique que le massage de fin de vie s’apparente à un rituel. Plutôt qu’un massage traditionnel, il s’agit davantage de poser ses mains sur le patient. « Il y a un détachement qui se produit. C’est comme si l’on donnait à la personne la permission de quitter en douceur. Si elle est consciente, cela crée un espace où elle peut s’ouvrir et partager ses émotions face à la mort. » Toutefois, il peut être aussi pratiqué sur une personne inconsciente.
Une patiente qui avait bénéficié de ce massage avant sa mort a confié à son infirmière ce message si rassurant : « Si la mort ressemble à ce massage, je n’ai plus peur! »
Être touché à notre naissance par des bras aimants est essentiel et nous ouvre à la vie. Être touché au moment de notre mort l’est tout autant et calme bien des angoisses. Le dernier massage, c’est comme le dernier cadeau à offrir à celui ou à celle qu’on aime…